Par où commencer ? Comment dire ?  On pourrait commencer tout simplement par : “Il était une fois...” Mais ensuite, ça se complique. Car en fait, il était plein de fois.  D’abord, il était une fois une bande de copains dans le Sud de la France, qui montent un groupe de rock et l’appellent Dionysos. Mais il y eut aussi la fois d’avant, quand le futur chanteur du groupe, nommé Mathias Malzieu, rêvait de faire des films. 


 

Trois poignées d’années plus tard, Dionysos est devenu quelque chose comme le meilleur groupe de rock en France. Ils enfilent les disques d’or, les tournées, les albums et les DVD live. Ils donnent tout sur scène. Ils aiment les rencontres, les défis et les voyages, des Etats-Unis à l’Islande. Ils créent un univers en expansion permanente. A chaque fois, ils gardent la foi, et chaque étape est comme une première fois.


Et avec Dionysos, il y a toujours une prochaine fois. “Ce n’est qu’un revoir”, comme dit la chanson, une vieille chanson écossaise dans sa version originale. Et c’est en Ecosse, justement, à Edimbourg, que l’on retrouve Dionysos au début de La Mécanique du coeur. C’est Le Jour le plus froid du monde. Mais rassurez-vous, ça va vite se réchauffer. Ça pourrait même vous tenir chaud quelques hivers. Avec La Mécanique du coeur, il était deux fois : c’est un livre* et un disque. Le livre est le troisième de Mathias. Son deuxième roman (après un recueil de nouvelles), et une sorte de préquel du premier (qui s’appelait Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi). On y retrouve le héros Giant Jack, mais dans son enfance (car oui, même les géants ont été petits), avec une horloge qui fait “coucou” à la place du coeur. Et cette horloge, on va beaucoup l’entendre dans le disque La Mécanique du coeur, qui est la bande originale du livre.


La Mécanique du coeur est-il le nouvel album de Dionysos, d’après une histoire de Mathias ? Sans doute, puisque tout le groupe participe à l’aventure. L’album a même été enregistré à domicile, près de Valence, et produit par le groupe lui-même, avec l’aide d’Olivier Daviaud aux arrangements. Mais La Mécanique du coeur est encore un peu plus qu’un nouvel album de Dionysos : cette histoire se lit, elle s’écoute et quand on ferme les yeux en y croyant très fort, on pourrait presque la voir. Sur le disque, les personnages du roman sont incarnés par des voix invitées. Et quel casting : Emily Loizeau, Arthur H, Olivia Ruiz, Rosy de Palma, Grand Corps Malade, Jean Rochefort, Alain Bashung et, last but not least, Eric Cantona (dans l’ordre d’apparition à l’écran). Alors, disque-livre ou disque-film ? Les deux mon général. Grand voyage spatio-temporel qui nous emmène d’Edimbourg à l’Andalousie, en passant par La Nouvelle-Orleans. Belle machine à remonter le temps et le cours de la musique. Grâce aux arrangements d’Olivier Daviaud, metteur en sons du disque, Dionysos explore de nouveaux territoires musicaux, du vieux blues au hip-hop en passant par le rock tellurique.


Mécanique bien huilée, ce disque part dans tous les sens, mais il sait où il va. Super-production super réussie, mise en images par l’ami Joann Sfar, La Mécanique du coeur est sans doute l’album le plus ambitieux de Dionysos, encore une lune de décrochée pour un groupe habitué à slalomer entre les étoiles. Un disque qui renoue avec la magie du cinéma muet, l’esprit des inventeurs et des conteurs, l’émerveillement des premières fois. Comme on disait au tout début : il était une fois...


Stéphane Deschamps

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